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Pourrons-nous descendre en-dessous de 7% de chômage ?

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Lors de l’émission Les Experts de BFM Business, très prisée par la Team Macron, Jean-Marc Daniel avait fait la remarque suivante : au milieu de l’année 2008, juste avant le début de la crise en France, le taux de chômage était au plus bas à pratiquement 7%, mais le taux d’inflation était à un niveau que l’on avait pas vu depuis les années 80. Son argument était donc de dire que même en s’approchant de 7% de chômage, nous commençons à percevoir des tensions inflationnistes, ce qui est « normalement » le signe que nous sommes au plein emploi.

Le taux d’inflation est le produit de plusieurs paramètres. Dans le contexte du marché du travail, il est le produit d’un taux de chômage tellement faible que les entreprises sont obligées de faire monter les enchères sur les salaires pour attirer de nouveaux employés, puisqu’il n’y a pas assez de chercheurs d’emploi. Les autres entreprises sont obligées de suivre cette hausse et d’accorder de meilleurs salaires à leurs employés actuels, pour qu’ils n’aillent pas voir ailleurs. Le coût du travail augmente donc, et ces coûts supplémentaires iront faire pression à la hausse sur les prix finaux des produits que les entreprises vendent : c’est la fameuse tension inflationniste.

Le marché du travail aujourd’hui se comporte d’une façon particulièrement étrange : nous avons 10% de chômage, et ce chiffre continue de grimper semble-t-il, avec une inflation au plus bas (ce qui semble logique jusqu’ici), mais nous avons des salaires qui continuent de monter d’année en année1. Jusqu’au point où sur des secteurs bien particuliers, les entreprises n’arrivent pratiquement pas à recruter certains profils, et continuent de promettre des salaires plus élevés dans l’attente d’une candidature sérieuse. Nous avons un chômage de masse, mais nous avons aussi un marché du travail qui envoie des signaux que l’on ne retrouve en théorie que lorsque nous sommes dans une situation de plein emploi.

La réalité malheureusement est qu’une part de plus en plus importante de la population est condamnée à rester au chômage. Le quotidien des chômeurs français n’est pas une succession de petits boulots : plus de 40% d’entre eux2 n’ont pas travaillé depuis plus d’un an, jusqu’à 59% pour la tranche des plus de 50 ans. L’un des principaux facteurs qui détermine le taux de chômage est le niveau de diplôme : les plus diplômés (post-bac) sont pratiquement au plein emploi à 7%, tandis que les sans diplôme (ni bac, ni CAP/BEP) sont à 34%, soit plus d’un tiers, sans emploi.

Nous avons deux grandes difficultés face à nous :

Premièrement, contrairement à beaucoup de gens je pense que nous sommes sortis de la crise depuis bien longtemps déjà. Après la récession de 2009, la croissance est restée très stable depuis 2010, en-dessous de 1% en moyenne. Même les prévisions les plus optimistes pour 2015 dépendent avant tout d’éléments extérieurs selon l’INSEE. Sans le pétrole bas, les taux t’intérêts bas, et l’euro bas, la croissance 2015 serait vraisemblablement identique à celle de 2014 d’après eux. Nous serions sortis de la crise depuis longtemps, mais la nouvelle croissance potentielle (le nouveau « normal »), est tellement faible que nous n’avons pas l’impression d’en être sortis. Si cette hypothèse est vraie (et plus la croissance tarde à remonter, plus il semble qu’elle le soit), alors nous n’avons pas le luxe d’attendre patiemment le retour météorologique de la croissance, nous devons prendre en compte ce nouveau « normal », et accepter le fait que nous avons gaspillé un quinquennat basé sur l’idée que les emplois reviendraient d’eux-même.

Ensuite, s’il n’on ne change aucune variable au modèle actuel, nous n’avons toujours pas résolu le problème du chômage. Si la France possède un « stock » (pardon pour le terme péjoratif) de chômeurs qui ne pourront pas retrouver un emploi facilement, et qu’il est constitué majoritairement de seniors et/ou de sans-qualification, alors nous avons une équation très difficile à résoudre, puisqu’un grand nombre d’entre eux ne bénéficiera pas d’une éventuelle reprise.

Une de mes inquiétudes est que les deux seules solutions largement relayées dans les médias ne sont aucunement encourageantes. Entre à gauche les frondeurs qui veulent prétendre que l’on peut agrandir la dépense publique à l’infini et continuer d’acheter des emplois jusqu’à ce que le chômage disparaisse, et à droite un patronat qui ne conçoit comme solution que la baisse généralisée des salaires, difficile d’avoir une vision un tant soit peu positive.

Le patronat a cependant compris quelque chose : un emploi n’existe que s’il est profitable. Les patrons ne sont pas des bonnes sœurs : ils n’embauchent un salarié que si ce salarié leur rapporte de l’argent. Hors, malheureusement, avec des niveaux de salaires aussi élevés (j’inclue les cotisations dans le salaire final), un senior sans qualification n’est pas compétitif face à un ouvrier chinois, face auquel il serait en concurrence directe. C’est triste, mais c’est la réalité.

Face à cela, seulement deux options nous sont présentées : soit on fait l’autruche et on attend que les chômeurs disparaissent par magie, soit on accepte l’idée qu’une forme de précarité sera nécessaire pour régler le problème du chômage. Mais on peut aussi donner tort au MEDEF, et proposer de tirer la productivité vers le haut, au lieu de baisser les salaires. Ce serait une excellente nouvelle, mais tellement idéologiquement incorrecte que l’on préférera (malheureusement) appauvrir la population avant de la considérer. La gauche au pouvoir a tout fait pour casser l’investissement privé, pour ensuite pleurer qu’il n’y a plus de créations d’emplois. Allez comprendre pourquoi.

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